• Mi

     

    5 - Mi

     

    Le soleil était à son point le plus haut de la journée, pourtant toutes les rues étaient désertes. Peu à peu cependant des portes s’ouvraient, des visages y apparaissaient, ahuris et encore chargés de sommeil. Les yeux avaient visiblement beaucoup de peine à s’ouvrir, pourtant, très vite sur ces faces harassées, ils s’écarquillaient en grand.

    -         Comment ? Déjà midi, s’étonnait Jailpr, vieil homme dont la taille était à demi-mangée par la courbure que lui imposait l’âge.

    Très vite les langues se mirent en mouvement et développèrent dans toutes les directions de la pensée, ce que l’ancien avait exprimé en trois mots.

    -         J’ai l’impression de m’être à peine endormi – disait l’un.

    -         Mes bras sont encore tout chargés du labeur d’hier – ajoutait un autre.

    -         Pourtant il est bien midi … et un bien beau midi – Pensait à voix haute un troisième – Juste trois gros nuages assez crémeux pour nous renvoyer la lumière et donner de la profondeur à l’absence de ciel.

    -         Moi je retourne au lit – conclut une vénérable matrone – Midi ou pas midi, c’est encore ma nuit !

     

    A son carreau, Damouce riait doucement.

    Elle posa sa flûte et se mit à chanter. 

    « MI, doux, grave et profond et le temps, rendu glouton,
    mangera, à chacun
    , une pleine moitié de sa NUIT »


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