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     La Lune en était à reconquérir sa forme et les étoiles riaient aux éclats, dans un ciel où, pour quelque temps, elles triomphaient.

    En une nuit, fort noire, bien loin des halos des villes, ce coin de montagne ne recevait aucune autre lueur que la mince trouée blanche qui succède à la Lune noire.

    Tamel se promenait à ces époques obscures, plus souvent encore qu’à son habitude, se heurtait aux tilleuls, s’égarait dans les buis, se déchirait aux genévriers et voyait son corps trembler de terreur lorsque, de temps à autres, à deux pas de lui, un frémissement indéchiffrable – peut-être un crapaud, un hérisson, une couleuvre – un cliquetis de marcassin, un grognement de sanglier ou le brame d’un cerf, traversait le silence.

    Lorsqu’il se jetait sur sa couche, après de multiples déséquilibres du corps et de l’âme, il parvenait, ces jours là mieux que jamais, à fausser compagnie à tous ceux qui, d’ordinaire, au-dedans de lui, tiraillaient son être en tous sens.

    Alors, parfois, il rejoignait son barbare de père et parcourait en croupe, derrière lui des espaces parfumés et joyeux où l’horizon y était la ligne de leur course et ou plus rien n’y distinguait le ciel de la terre et le petit peuple des Nombreux.

     

     


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