• Calabria -3- réveil

     

    « Le froid !
    Il mange l’extrémité de mes mains
    mes doigts ne sont plus qu’ongles
    sur mon visage, mes yeux s’enfoncent en leur orbite mais cela ne suffit pas. L’air glacé les transperce et leur fait rendre la dernière goutte de lumière qui s'y cachait.

    Mes lèvres sont une paroi rocheuse, l’intérieur de ma bouche une caverne.

    Petit à petit, les ailes de ma pensée se figent et, telle une hirondelle que l’hiver polaire aurait enveloppée par surprise, elle tombe en direction de la mer des plaintes éternelles. »

    -         Tamel ! Réveille-toi ! … Rien qu’un mauvais rêve ! C’est moi Damouce, et ta mère est là, elle aussi !

    A ces mots, l’enfant ouvrit les yeux. En grand, comme s’il voulait y faire entrer toute la chambre, la maison, le village, tout ce qui pouvait nier, effacer son cauchemar.

    Quelques instants plus tard, Tamel comptait les cailloux du chemin qui menait à Chamouse, avec autant de patience et de nonchalance que s’il avait été immortel.


     

    Mais surtout, à la fin du chemin
    cet endroit où il se dissout
                           dans l’herbe des champs
    ne te laisse pas à penser qu’il n’est plus.
    Tous les pas qui ont tanné sa peau
                          là où tes yeux voient son corps
    ont été bien plus loin que
                         ce qui ressemble tant à une mort.

     
     
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  • Commentaires

    1
    T.
    Mercredi 7 Mars 2012 à 19:18

    Quel terrible portrait de la Mort est dessiné là!
    Chaque description éveille une sensation. Fort.
    Si nous nous souvenions que chacun d'entre nous a mis trois milliards d'années à se faire, nous accepterions de n'être que... quelques secondes dans cette durée-là.
    Oui, il continue le chemin.
    Après tout, les chiffres du nombre Pi s'arrêtent-ils au bord de la feuille de papier?

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    2
    Aunryz Profil de Aunryz
    Mercredi 7 Mars 2012 à 19:34

    Revenir ... fait toujours de nous un revenant
    c'est le privilège et la rançon de la vie
    "God Bless the grass" qui n'a pas ces discontinuités dans l'espace.

    (Lorsque je parle de pi à mes élèves je leur explique qu'il faudrait leur vie entière pour en donner une infime partie, transmettre ce projet à leurs enfants ... et que ça ne suffirait pas. L'éternité il faut la connaître tôt, pour ne plus la désirer)

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