• Crochet du temps

     

     

    Après un quart d’heure de marche, Tamel entendit une rumeur dans la direction où le menaient ses pas, en même temps qu’il vit s’élever un nuage de poussière accompagné de vives lueurs intermittentes.

    La ville était en feu.

    Et l’incendie s’étendait.

    De chaque maison des hommes, des femmes et des enfants sortaient puis l’un d’entre eux jetait une torche par une fenêtre et le tout, probablement garni de matières inflammables, s’embrasait sur-le-champ.

    Dans les rues, des cavaliers jetés au grand galop, tiraient soudainement sur les reines, à arracher la bouche de leur monture, en descendait vivement puis transperçaient l’animal d’une lame acérée, l’abattaient d’un coup de hache ou lui faisaient éclater la tête d’une décharge de tromblon.

    Ceux qui avaient achevé leur besogne destructrice, après en avoir contemplé quelques temps les effets, s’en allaient dans la direction opposée à la mer d’où venait Tamel. Toute la population de la ville se trouvait ainsi, en grappes successives se détachant de la citée, dans une longue caravane, en route vers des montagnes lointaines et inhospitalières dont les arêtes aiguës étaient à l’image de leur rage. Ces exaltés en marche avaient le visage rayonnant, d’un peuple qui aurait vaillamment triomphé  d’un ennemi redoutable.

    L’enfant, qui s’était arrêté, interdit devant ce tableau hallucinant, fit demi-tour et repartit de là où il venait.

    Parvenu devant la vaste étendue d’eau, il s’assit sur la plage, y fit deux trous où il enfonça ses jambes à moitié, les recouvrant ensuite de sable fin, puis appela à lui le sommeil.

    Quelques heures plus tard, Tamel arrivait à ce gros bourg dont il avait deviné la présence lors de son arrivée sur la terre ferme.

    C’était une belle cité qui abritait de majestueuses constructions en pierre et de jolies boutiques de tous genres derrière de solides murailles qui lui donnaient l’aspect d’une forteresse imprenable.

    L’enfant se réjouit de pouvoir à nouveau frôler des présences et respirer le fumet des pensées de toutes couleurs.

    A la nuit, il traversa la muraille Sud et chercha un lieu à proximité du cœur de la cité, où il serait à l’abri des regards.

    Une fois de plus, ce fut dans la pierre d’une fontaine qu’il choisit de se dissimuler : une belle pierre de granite rose taillée pour l’éternité.

    A l’instant même où il glissait ses chairs dans la roche, il crut pourtant voir la fontaine s’effondrer. Mais, après avoir vigoureusement frotté ses yeux, il vit qu’il n’en était rien.

    Tamel attribua cette vision à la fatigue de son étape maritime et décida à nouveau de confier son corps au sommeil.



    Sur le champ de bataille, en tous sens,

    les guerriers laissaient éclater leur fureur

    en cris

    en gestes de bras armés de sabre
                                         ou de la main fermée

    en vibration de cordes

    en piétinement de chevaux

    chacun d'eux affirmant au ciel

    définitive, absolue, éternelle

    sa vérité.

     

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  • Commentaires

    1
    annaj
    Samedi 28 Janvier 2012 à 11:39

    j'aimerais moi aussi poser au fond d'un trou de sable mes blessures et mes douleurs, la marche et mes jambes ulcérées et laisser la terre, le sol guérir mes racines

    2
    Aunryz Profil de Aunryz
    Samedi 28 Janvier 2012 à 15:36

    J'aimerais moi aussi faire le chemin en arrière et me retrouver face à un présent moins violent.

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