•  

    Visiblement la petite fille était au cœur d’un instant de vrai bonheur.
    Seule à table devant un énorme bol de lait fumant, parfumé à la menthe sauvage, son visage rayonnait  et ses lèvres anticipaient le moment du contact, avec le bord épais du récipient dodu, puis le liquide d’une blancheur souple et profonde.

    -    Maman ! Tu l’as déjà sucré ?

    -    Oui Damouce -répondit une voix en provenance de la pièce voisine- d’une pleine cuillerée de miel, la dernière de celui qu’Anthelme t’a rapporté lorsque la toux a pris ta gorge il y a deux semaines.
    -     Celui qui a le goût de kaki ? … Oh merci maman !

    -     Ne te sers pas trop à la fois, je t'ai sorti ta petite tasse en buis.

    La lumière gagna soudain en intensité dans le regard de la petite fille qui ne répondit rien.

    Elle fit durer son plaisir en remuant le liquide pour achever de dissoudre le miel, d’une grosse cuillère en bois – de celles qui conviennent si bien au lait – avec lenteur et application.

    Qui l’aurait vu faire aurait pu penser qu’elle voulait racler le fond jusqu’à y faire un trou.

    -     Que fais-tu Damouce ? s’inquiéta la voix de sa mère.

    -     Je remue Maman, je remue, il ne faut pas en perdre de la dernière cuillère du miel des collines.

    Il n’y eut pas d’autre question.

    Enfin, La petite fille porta le bol à ses lèvres et se mit à boire avidement à grands traits.

    C’est dans cette posture de goulue qu’elle reçut soudain tout le lait que plus rien ne retenait, lequel se répandit sur son ventre et sur ses jambes.

    Elle poussa un cri aigu.

    -     Ce n’est pas ma faute Damouce dit l’enfant venu de nulle part qui se releva alors.
    Quelle idée de mordre ainsi le bord de son bol ! Je ne suis pas douillet mais tu as les dents tellement pointues !

    Damouce voulu répondre, mais Tamel s’était déjà enfui.

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique