• En fuite à la lisière du possible _29_

     


    29 - Après la grande averse


    La terre demeura détrempée de nombreux jours après cette pluie qui avait fait disparaître tous les « ailés ». Et cela malgré un soleil intense dans un ciel dépourvu du moindre nuage – on aurait pu croire que toute l’eau du ciel avait été précipitée vers le bas –

    Peut-être la chair dissoute des anges rendait-elle plus difficile le retour de cette eau à l’état de vapeur.

     

    Autour des deux enfants et de Réfi qui semblait avoir retrouvé calme et assurance, les hommes et les femmes marchaient en tous sens durant le jour, le plus souvent dans une boue épaisse qui ralentissait leur pas et donnait à leur déambulation une allure sereine et majestueuse.

    Dès que la nuit tombait, là où il se trouvait, chacun s’écroulait à même le sol. Personne ne songeait à se nourrir et pourtant tous avaient le teint d’un nouveau né et l’œil baigné de lumière.

     

    Un matin, un vol de colombes traversa si vivement l’espace que la clameur de leurs ailes, pareille à celle d’une foule en liesse réveilla sur le champ les dormeurs.

    La terre était à nouveau terre, l’eau n’y était plus mêlée.

     

    Tout comme Damouce et Tamel, le petit peuple du pays fut à la fois soulagé et triste. Ces jours d’après le déluge leur avaient ouvert pour quelques temps une porte. Elle venait de se refermer.

     (Version du 30 août 2014

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