• En fuite à la lisière du possible _31_

     


    31 - Huile et raisin


    Ce fut Réfi qui, lorsque les oliviers se couvrirent de minuscules fleurs blanches, presque insignifiantes, insista pour qu’on leur procure des soins attentifs, soins qui les firent devenir, quelques temps après, des fruits sains, d’abord d’une couleur vert clair puis, s’obscurcissant de lumière, d’un violet de prune, pour finir par au noir le plus dense.

    L’ange déchu leur montra lors de la maturation, le plus dangereux ennemi du fruit, cette petite mouche qui vient en piquer la peau et déposer dessous sa progéniture à venir qui, si on lui laisse le loisir de devenir vers dans le fruit, en rend la chair acide, amère quel qu’en soit l’usage.

    C’est encore Réfi qui appris à tous comment presser ce fruit, recueillir son jus et surtout enseigna l’art délicat de n’en garder que la partie si goûteuse, propre à conserver les aliments autant qu’à transformer une simple tranche de pain en délicieux dessert, pour peu qu’on y ajoute une légère trace de miel.

    Celui que l’on nommait aussi Natas transmis encore bien d’autres connaissances aux gens du pays et notamment l’usage du raisin pour produir un liquide qui, après divers traitements que nul humain n’aurait pu imaginer seul, avait des vertus tout à fait prodigieuses.

    Vertus dont Refi même montra à tous, bien malgré lui cette fois là, les dangers, à savoir le résultat désastreux d’une ingestion trop abondante sur la maîtrise de la parole et surtout sur l’équilibre indispensable à la marche.

     (version du 27 aout 2014)

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  • Commentaires

    1
    T.
    Lundi 7 Mai 2012 à 22:59

    Délicieux... Revenant de Sardaigne où j'ai pu entrevoir la pauvreté d'une région massacrée par ce monde en crise, ses craintes qui se cachent derrière des fenêtres désespérément closes, entreprises abandonnées, rues défoncées,  il me reste dans la bouche le parfum des olives. Le goût du bon vin.
    Toutes choses simples et importantes.
    Qui creusent à la petite cuiller en quête de ce qui sauve.
    Merci de ces pages toutes simples et revigorantes.

    2
    Aunryz Profil de Aunryz
    Mardi 8 Mai 2012 à 11:25

    Je ne connais pas la Sardaigne. On me l'a dit proche de la Calabre (où j'ai l'espoir de passer six mois l'an prochain) Je vois à travers cette description que cette proximité est réelle. (Les Calabrais appréciaient les chêvres de Sardaigne du temps - il y a peu - où les jeunes acceptaient encore le travail qui tâche les mains.

    L'olive survivra certainement à l'homme.

    Merci pour ces encouragements.

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