• En Marche - Elda

     

     

    La marche depuis la clairière de l’Elaph avait épuisé Tamel.

    Il demeura sur la place pendant près d’une semaine, sous la surveillance d’Erghnam démon des sources souterraines – ce nom était présent dans les nombreuses prières adressées à la statue tout au long de la journée par ceux qui faisaient un détour pour la rencontrer, il devina donc que c’était là le nom de son hôte –

    Il s’agissait bien sur de regagner des forces, mais aussi de choisir le moment le plus propice au départ. Tamel ne voulait en rien terroriser celui qui aurait pu le voir redevenir chair, ou passer à travers la matière comme un fantôme.

    Et puis, ce n’était pas un hasard s'il avait choisi de se reposer dans ce bourg. L’enfant qui n’avait jamais quitté le village des Hules, était curieux de voir comment les hommes vivaient en d’autres lieux.

    Il eut la surprise de constater que rien ne différenciait vraiment les gens d’ici de ceux de son village. Les querelles y étaient aussi fréquentes, les motifs aussi futiles et leurs conclusions aussi imprévisibles qu’heureuses … pour la plupart.

    Peu de personnages vraiment remarquables. Hormis une petite fille qui lui rappelait Damouce et qui passait très souvent à côté de lui, à le frôler parfois, sans paraître le voir. Alors même qu’elle prononça plusieurs fois une phrase aux mots mêlés dans laquelle il eut l’impression d’entendre son nom.

    La veille du jour prévu pour son départ, comme la nuit venait tout juste de tomber, la fillette s’approcha de lui. Elle était seule. Tamel se risqua à pénétrer sa pensée.

    -         qui es-tu ?

    Sans paraître effrayée, elle répondit de suite :

    -         je le savais ! Même si mes yeux ne me parlent plus depuis le grand éclair, je percevais ici la chaleur du vivant. Je suis Elda au regard lointain et ... je suis heureuse de te rencontrer Tamel des Hules.

    Tamel, lui aussi, était bien content de parler, même en pensée, avec un être vivant et qui plus est, une enfant de son âge à la physionomie si proche de celle d'une amie.

    -         C'est depuis ce grand éclair que tu sais deviner les présences ?  As-tu comme moi d’autres différences ?

    -         J’étais déjà ainsi à ma naissance, mais je devine en toi des failles plus étranges encore. Comment as-tu fait pour venir jusqu’ici ? As-tu toujours cette apparence de statue. Viens plus prêt que je ressente mieux encore tes couleurs.

    En se rapprochant du feu de son esprit, Tamel vit un lieu sombre où un petit caillou brillait. Cherchant à comprendre sa nature, il l’effleura de sa pensée.

    Aussitôt, il y eut une flamme d’un bleu vif et clair.

    Elda poussa un petit cri suivit aussitôt d’une exclamation de joie.

    -         Je vois ! Tamel je vois !

    -         Ne dis rien, surtout ne dis rien, personne ne doit savoir avant que je ne sois loin d’ici.

    -         Tu as raison ! Tu as raison, ils finiraient par comprendre …

    -         Oh comme c’est beau et doux ce qui me caresse ainsi le bord du visage.
    Comment pourrais-je jamais te remercier?

    -         Tu le peux Elda, tu le peux.
    Je vais partir cette nuit. Et j’aurais besoin d’un peu de vivres et d’une gourde d’eau.

    Si tu pouvais me déposer cela droit dans la ligne du lever du soleil au pied d’un arbre…

    -         Bien sur Tamel, je te mettrais du miel, du pain, du lait, de l’eau et tous les fruits que je pourrais trouver.

    Au milieu de la nuit, depuis sa fenêtre, une petite fille regardait sans effroi une statue de granit s’assouplir, s’ébrouer, se dédoubler puis l’une des deux formes se mettre en chemin, traverser la pierre de plusieurs maisons, jusqu’à disparaître dans la direction du jour à venir.

     

    « EclairageGoulue »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :