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Félur
L’enfant se tenait sur une plate-forme rocheuse, accroupi, les bras serrés autour de ses mollets, la poitrine contre les genoux.
Tout en se balançant lentement d’avant en arrière, en équilibre sur la pointe de ses pieds, il pleurait doucement. Et chaque goutte qui tombait sur la pierre réveillait la matière y faisant apparaître une vie exubérante, grouillante, guerrière.
…
Quelques heures plus tard, le même enfant, à présent aussi paisible qu’une fleur face au soleil couchant, dormait paisiblement sur un tapis de mousse.
…
Il savait qu’il lui faudrait au plus vite se séparer de ce don maudit. Car les créatures qui naissaient de ces périodes de tristesse irraisonnée, il y a peu, grandes comme des grains de sables, avaient à présent la taille de fourmis légionnaires.
Le temps pressait.Mais l’enfant repoussait le plus possible l’instant du sacrifice. Déchoir au rang de simple humain, perdre cette grâce, cette transe divine qui étendait son corps sur l’univers entier, cela Tamel ne parvenait pas encore à l’accepter.
Tags : tamel, larme, vie, creux, don, conte naïf
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Commentaires
Assurément, descendre c'est monter
puisque seule la ligne courbe existe en ce mondeC'est un peu ce que nous dit la "roue de fortune"
de même que
La table d'émeraude d'Hermes (ce dieu des voleurs si souvent volé)
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Nous ne savons plus nous bercer nous-mêmes dans nos chagrins. Cette belle page donne vraiment à voir, presque toucher, la sensation délicieuse où se mélangent larmes, pertes d'équilibre, sentiment d'être maudit du monde entier... donc de lui appartenir pleinement.
Cette peur de déchoir, comme on la comprend. Quand les larmes sont aussi miraculeuses.
D'un autre côté, descendre
n'est-il pas monter?