• L'eau d'Uddiivin -1-conduite

     


    Tout commença dans la cuisine d’Uddiivin. Les Hûles se trouvaient alors au plus fort de l’hiver, aussi crut-on tout d’abord que le froid, devenu très intense, était responsable de ce qui contraria tant l’écrivain public du village ce jour-là.

     

    Uvidiin, personnage important, seul lettré de la communauté, bénéficiait, privilège unique, d’une conduite qui forçait l’eau,  depuis un des bassins les plus clair de la fontaine, jusqu’au-dessus de la pierre, creusée en auge, accolée à l’un des murs de sa pièce commune.

    D’ordinaire, pour remplir un récipient, laver un ustensile de cuisine, une pièce de vaisselle ou une partie de son corps, il lui suffisait d’incliner vers le bas un tuyau souple, tenu verticalement lorsque l’eau était laissée au repos. Ce matin-là, Uviidin eut beau baisser l’extrémité de son tuyau, l’agiter en tous sens, rien ne coula, pas la plus petite goutte d’eau…visible.

    Pour ce qui est de la responsabilité du froid, après avoir dégagé et observé l’ensemble de la conduite, il fallut bien se rendre à l’évidence : il ne s’y trouvait pas la moindre trace de glace et les différents essais pratiqués montrèrent qu’elle ne perdait pas d’eau en son parcours. Cependant, et le fait était demeuré inexpliqué, lorsqu’on le raccordait à l’installation dUddiivin, rien ne sortait, l’eau semblait se perdre sur le trajet.

    De ce constat, qu’il ne parvenait à accepter en homme pétri de raison, l’écrivain public prit ombrage.

    Alors que Limbult, qui, entre autre savoir-faire, possédait celui du plombier, sortait de la maison en compagnie d’Uddiivin, ils faillirent heurter Tamel, assis sur le seuil de la porte.

    Excédé, le lettré s’emporta :

    -          File de là, graine de sorcier ! Tu as certainement une idée de ce qui se passe ici et il m’est d’avis que tu n’es pas étranger à la disparition de l’eau chez moi.

    -          Elle n’a pas disparu !

    -          Qu’est-ce que tu racontes gamin ?

    -          Elle n’a pas disparu, c’est juste qu’elle devient comme toi dès qu’elle entre dans ta maison.

    Sur ces paroles, l’enfant se leva et détala sans que celui qui le regardait avec incrédulité ait eu le temps de songer à l’en empêcher.

    Uddiivin, pris d’un doute, revint sur ses pas. Il se dirigea vers son point d’eau, baissa le tuyau souple. Rien ne se produisit. Il recommença plusieurs fois l’opération. Sans plus de succès. C’est alors qu’il se rendit compte que, dans la pièce, les couleurs étaient devenues moins vives, comme si une vitre s’était interposée entre elles et son regard.

    L’eau ! L’eau était tout autour de lui, mais dans un état de dispersion tel qu’elle possédait une transparence quasi absolue.

    A présent, il avait le début d’une explication. Ce n’était plus d’un plombier qu’il avait besoin.

    Il devait aller voir Archos.

     

     
     
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