• Mer

     

     

    Un jour le village des Hules fut suffisamment près de la mer pour qu’on puisse l’apercevoir depuis les fenêtres des maisons les plus hautes.

    Tous eurent alors le désir d’aller à sa rencontre.

    Si la tradition évoquait bien ce lac immense dont on ne peut voir le visage en son entier, aucun d'entre eux n’était suffisamment âgé pour avoir vécu un tel événement.

    Le précédent passage du village à proximité des lèvres de l’eau salée datait de plus de trois vies d’ancêtre et les quelques images peintes – d’anciennes reliques – où l’on pouvait deviner l’étendue liquide adossée à l’horizon, ne signifiait plus grand chose depuis bien longtemps.

    Ainsi, un matin, hommes, femmes, vieillards et enfants se dirigèrent à pas lent, tout émus, parlant peu, vers ce bleu qui renvoyait le ciel en lui donnant un supplément de clarté.

    Parvenus au bord de l’eau, tous attendirent que le silence permette d’entendre le murmure de l’onde.

    Alors, pendant plus d’une heure, ils écoutèrent, sans comprendre, la musique aux notes si liées entre elles que chacune contient toutes les autres.

    Puis Tamel traduisit, simultanément à chacun dans son propre langage, ce que la vague avait dit.

    Pour Damouce cela donna à peu près ceci :

    «Petite fille au regard limpide et au paumes si douces, nous sommes venus enduire la peau de ton corps d’une fine pellicule de lumière qui te préservera de la poussière du temps.

    Viens te baigner en nous ! Le présent que tu nous feras de ta caresse vaut mille fois celui que nous t’offrons. »


    Bientôt, chacun le sourire au lèvres, pénétrait la chair mouvante et transparente de la mer.

    Oubliant ces nuages gris qui obscurcissent d’ordinaire le sang et l’esprit

    ... pour un temps.


     

    « AbsenceL'égalité des clous »

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  • Commentaires

    1
    annaj
    Lundi 14 Novembre 2011 à 06:49

    on en vient irrémédiablement  à cette étape où ce n'est plus la main qui caresse le corps mais ce corps qui caresse doucement la main qui le touche, tant le présent de la peau se fait rare

    2
    Aunryz Profil de Aunryz
    Lundi 14 Novembre 2011 à 09:51

    La mer est une grande caresse
    elle comble
    jusqu'au besoin de solitude.

    3
    annaj
    Lundi 14 Novembre 2011 à 17:46

    ...pour un temps  ,-)

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