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Mi
5 - Mi
Le soleil était à son point le plus haut de la journée, pourtant toutes les rues étaient désertes. Peu à peu cependant des portes s’ouvraient, des visages y apparaissaient, ahuris et encore chargés de sommeil. Les yeux avaient visiblement beaucoup de peine à s’ouvrir, pourtant, très vite sur ces faces harassées, ils s’écarquillaient en grand.
- Comment ? Déjà midi, s’étonnait Jailpr, vieil homme dont la taille était à demi-mangée par la courbure que lui imposait l’âge.
Très vite les langues se mirent en mouvement et développèrent dans toutes les directions de la pensée, ce que l’ancien avait exprimé en trois mots.
- J’ai l’impression de m’être à peine endormi – disait l’un.
- Mes bras sont encore tout chargés du labeur d’hier – ajoutait un autre.
- Pourtant il est bien midi … et un bien beau midi – Pensait à voix haute un troisième – Juste trois gros nuages assez crémeux pour nous renvoyer la lumière et donner de la profondeur à l’absence de ciel.
- Moi je retourne au lit – conclut une vénérable matrone – Midi ou pas midi, c’est encore ma nuit !
A son carreau, Damouce riait doucement.
Elle posa sa flûte et se mit à chanter.
« MI, doux, grave et profond et le temps, rendu glouton,
mangera, à chacun, une pleine moitié de sa NUIT »
Tags : damouce, flute, mi, tamel
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Commentaires
Merci pour cette lecture attentive
qui déborde le cadre de ce que je maîtrisais dans le récitcette échappée du sens m'est agréable.
3T.Samedi 15 Septembre 2012 à 22:13
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J'aime beaucoup la forme en arche qui parcourt tout le conte:
Le soleil en son zénith qui suggère une fontaine de lumière
les portes qui s'entrebaîllent
la si visuelle courbure de l'âge - être vieux n'est pas loin de là le lieu le plus pauvre -
et ces deux piliers que sont les syllabes choisies entre lesquelles se déploie la fenêtre d'un différent solfège.