• Râle

     


     

    Couché sur le dos, raide comme la serre de l’aigle sur sa proie, l’homme était immobile et c’est à peine si un léger souffle s’échappait de ses lèvres.

    Penchée au dessus de lui, épongeant de temps à autres la sueur qui perlait sur son front, une femme.

    Elle semblait prendre grand cas de ce corps dont les pieds dépassaient largement du lit, de ce militaire en armure, qu’elle avait découvert au petit matin, à demi-mort, dans le fond d’un fossé rouge de son sang.

    -           Il pourrait guérir Asselpa, Anthelme et moi, et cette chambre vide que tu as bien voulu lui prêter, nous avons fait tout ce qui devrait lui permettre de chasser les fièvres où son âme se débat et de retrouver le contact avec la source de vie.

    -           Alors Archos pourquoi ?

    -           Parce qu’il est trop fort, et trop fier.

    S’il demeure dans l’attitude du soldat, à tirer sur ses chairs, à retenir sa douleur et ses cris, il gardera le mal en lui.

    -           Et il mourra ?

    -           Et il mourra !

    La jeune femme s’approcha de l’étranger, lui pris sa main qu’elle pouvait à peine entourer des siennes, puis le força à soutenir son regard.

    Qui saura jamais ce que l’homme y put lire ce jour là?

    Il se mit soudain à râler, à geindre comme un enfant, acceptant de plaindre ses chairs, laissant ainsi les humeurs noires des blessures s’écouler.

    -           Oui, laisse ton corps se libérer des présences poisons, du désir farouche de celui qui t’a ainsi blessé.

    Oui, laisse le cri, la plainte te délivrer, goûte comme est bonne cette vibration qui avec elle te caresse les chairs.

    Deux semaines plus tard Ubelsre rebaptisé Ubel, avait scellé sa vie de guerrier et décidé de rester au village dans la maison d’Asselpa.

    Et d’y dormir dans son lit, depuis qu’il n’avait plus besoin pour guérir de celui de Tamel.

     

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  • Commentaires

    1
    annaj
    Dimanche 8 Janvier 2012 à 09:53

    ainsi celui dont l'âme souffre- prisonnière malade- a entre l'encre et les lèvres sa voix de guérison

    2
    Aunryz Profil de Aunryz
    Dimanche 8 Janvier 2012 à 22:07

    C'est ce que croit le personnage de ce monde (dans cet éclat là)

    et c'est effectivement un des possibles.

    Accepter de laisser le corps aller aux cris, aux larmes, ...
    c'est lui donner la possibilité de se vider de ce qui le ronge
    et faire de la place pour autrechose
    comme par exempel un remède qui attendrait que cette place existe.

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