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Tentation
D’ici quelques secondes, une minute tout au plus, le soleil se lèverait et tous, animaux, végétaux ainsi que ces être si lents qu’ils sont souvent, à tort, exclus du nombre des vivants, et jusqu’à l’ensemble flou, désordonné et pourtant absolument harmonieux qu’ils formaient ensemble et que l’œil plat nomme parfois "paysage", tous retenaient une petite partie de leur souffle, de leur regard, de leur vie, aux portes de l’instant.
Pas un cri d’oiseau, ni le moindre mouvement perceptible dans les feuillages.
Quant aux pierres, plus que jamais leur course s’était figée au creux de l’instant.Le premier rayon de lumière tardait à venir.
Même le coq qui, comme toujours, avait anticipé du jour nouveau à plusieurs reprises, s’était tu.
La tentation était forte de demeurer confortablement lové dans cette goutte d’éternité, cette plénitude tissée d’aventures derrière soi et devant, à quelques lieues à peine, la chaude présence d’êtres aimés, dont plusieurs rayonnaient si fort l’attente sereine qu’ ici même, elle était déjà perceptible.
Oui, la tentation était forte pour Tamel de terminer là son chemin, conservant la forme d’un rocher, d’un demi-dieu, au lieu de retourner prendre sa place dans le village des Hules.
Silence de mots, de gestes, de pensées
lorsque la goutte d'eau s'arrête de tomber
et qu'oubliant l'instant où l'a conduit son pas
le dieu se réfugie en l'éternel trépas.
Tags : tamel, tenation, conte naïf
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Commentaires
Le seuil est un lieu privilégié. Celui de l'entre deux.
Ni passé, ni futur, l'instant présent qui dure
jusqu'à être éternel.Oui
la tentation est grande
certains suicides sont peut-être de cette nature ... ?... le suicide comme la tentation d'un franchissement, oui, mais alors on n'est plus dans l'entre deux et tout se ferme...
J'ai hésité à écrire "sont de cette nature ...dans une intention piégée par une erreur"
Dans ce type de "départ" il y a bien sur
comme vous le suggérez
un écart entre le projet et ce qui se (dé)réalise.Ne pas aller plus loin, s'immobiliser
est-ce vraiment possible de cette manière ?Il y a un beau poème de Borgès
à propos de l'ultime seconde qui est
paradis pour les uns enfers pour les autres
Comment le suicide pourrait-il être suffisamment "serein"
pour éviter l'enfer ?
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aux portes de l'instant, nulle envie de franchir le seuil, se tenir là devant ce qui s'ouvre...