•  

     

    Une semaine avant que les jours ne cessent de croître, les brigands étaient entrés dans le pays afin d’échapper aux troupes de l’empereur.

     Une chance pour le village car, pressés comme ils l'étaient par le danger, ils n’avaient aucun désir de faire grand tumulte.


    Ils ne souhaitaient que disparaître, se fondre quelques temps dans la mousse des bois, l’air niais d’un ruminant ou même l’abrutissement tranquille du paysan au milieu des champs.

    Ainsi ils en vinrent même, pour ceux qui avaient encore suffisamment de vaillance, car leur groupe comptait de nombreux blessés dont certains en grande faiblesse, ils en vinrent même à aider la communauté à récolter le seigle, les blés, les fruits de la belle saison, le dernier maïs, à rentrer les bêtes et même à mettre les farines en sac.

    Aucune patrouille ne se présenta pour enquêter sur une troupe de bandits que la rumeur disait incroyablement sanguinaires. Ainsi le printemps nouveau arriva sans qu’aucun incident n’ait troublé plus que d’ordinaire la vie du village

    Car la venue d’un enfant, fut-il moitié guerrier moitié paysan, et même né après avoir vécu à peine 6 mois dans le ventre de sa mère, se fondit-elle aussi dans le quotidien. Seul le nom étonna quelques temps. Car il n’était pas d’usage de donner si tôt un patronyme définitif à un enfant. Et chacun savait ce que signifiait ce nom à la lettre centrale symétrique

    Un an après son arrivée dans la contrée, la troupe de brigands, sentant monter en elle le désir de saigner un peu le monde, se mit en départ.

    Si le jour des adieux silencieux, ceux qui étaient en selle et ceux qui les regardaient partir au loin s’étaient un peu mélangés, dans l’assurance des cavaliers comme dans le calme de ceux qui restaient, rien ne le laissa paraître.


     


    5 commentaires