• Pleurs sucrés

     

     


     Damouce pleurait. Oui, c’était bien la voix de la petite fille que Tamel entendait.

    Il avait un besoin urgent de son corps mais aucun moyen de prévenir son frère. Quelque part sa petite amie souffrait, il pouvait entendre jusqu’à ses larmes couler mais n’avait aucune idée de leur cause.
    Tamel tendait tout son esprit pour que son frère revienne vite car son retour n’était pas prévu avant le coucher du soleil. Damouce pourrait-elle attendre jusque là ?
    De temps à autres, les pleurs se calmaient un peu, mais après quelques secondes ils reprenaient de plus bel, il se sentait alors terriblement impuissant, là sur sa couche, à attendre que son corps soit à nouveau disponible.

    ...

    Tamel courrait. De toutes ses jambes d’adolescent, il se pressait là où il pensait trouver Damouce. Le soleil venait de disparaître derrière la montagne mais le jour était encore loin de s’achever.
    Son frère lui avait enfin rendu son corps et, après avoir cherché pendant ses longues heures d’impuissance l’endroit où pouvait bien se tenir celle qu’il avait entendu  pleurer dans sa tête pendant plusieurs heures, il pensait l’avoir découvert.

    A présent, il n’entendait plus rien.

    Tamel dévalait la pente du terrain herbeux où, le matin même, Damouce et lui avaient trouvé l’entrée d’une petite grotte. Il mit moins d’un quart d’heure pour y parvenir.

    La fillette y était,  à quatre pattes en compagnie de  deux oursons, occupée à lécher avec eux un large morceau d’écorce de tilleul où s’étalait une grosse flaque de miel.


    La mère ourse ne laissa partir Damouce que lorsque celle-ci, et ses deux véritables petits oursons, eurent mis à nu de leur langue l’écorce de tilleul qu’elle avait soustrait aux abeilles de la forêt.
    Tamel n’eut pas à intervenir.
    Lorsque Damouce passa à proximité du volumineux plantigrade, elle eut le visage balayé par une énorme langue d’un rose noir râpeux. L’ourse laissa ensuite la fillette se diriger vers la sortie de la grotte.

    A l’instant où elle apparut dans la clarté du jour finissant, Tamel entendit comme une plainte en provenance de l’intérieur, suivie du rire joyeux de la fillette puis de ce qui devait être une tentative d’imitation de ce rire par les deux petits qui avaient partagé avec elle leur repas du soir.

    Quelques minutes plus tard, dans son lit, la fillette avait rejoint ses camarades du jour au continent des rêves.


     

     

    « Le couple noirHéritage »

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