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    Les arbres saluaient le passage des humains. En leur tenue d’automne ils étaient aisément reconnaissables les uns des autres. Celui là tel un épouvantail, levant deux bras au ciel que prolongeaient de gigantesques mains, cet autre rond et débonnaire qui semblait attendre l’ouverture d’un bistrot, deux ou trois presque jumeaux mais en des attitudes différentes comme s’ils étaient des clichés d’un même personnage pris à quelques secondes d’intervalle. Dans les virages il était possible, la vitesse se réduisant un peu, de voir des détails plus fins de leur anatomie, une cicatrice, un reste de nid, parfois même une feuille restée accrochée par miracle à l’extrémité d’une branche.

    Peu à peu, le paysage changeait, les vignes disparaissaient, puis les oliviers, la rivière qu’ils croisaient régulièrement sur des ponts de plus en plus étroits, coulaient plus rapidement, dans un lit de moins en moins large où l’eau se faisait plus rare. Bientôt, ils furent dans les montagnes. Ils avaient considérablement ralenti et leur vue portait à présent beaucoup plus loin, en des terres qui, par leur inclinaison, se donnaient sans pudeur au regard.

    Au sortir d’un passage particulièrement étroit, une combe obscure où la rivière, pourtant très étroite, laissait à peine d’espace pour leur passage, sans prévenir, les terres, les forêts, la rocaille, dessinèrent une sorte de clairière taillée dans la pierre où des prairies, des vergers, des vestiges de champs de lavandes disputaient la place à la montagne.

    Tamel était arrivé.

    Il prit congé d’un sourire et de quelques mots de celui qui avait fait bien plus que l’accompagner et emprunta le bout de chemin qui menait là où le village des Hûles s’était posé plusieurs mois auparavant. Au loin la rumeur qui l’avait accompagné pendant une grande partie de son voyage s’estompait, s’évanouissait même parfois, puis renaissait à la faveur d’un virage bien orienté, s’affaiblissant progressivement dans ses ondulations jusqu’à disparaître totalement.

     

    Sa mère était sur le pas de la porte lorsqu’elle vit Tamel. Aucune surprise ne pouvait se lire sur son visage. Tout de même, après qu’elle lui ait laissé faire les derniers pas, elle lui lança :

    -         Tu es bien en avance ! Nous ne t’attendions pas avant l’hiver. Comment es-tu venu ?

    -          Avec ça, maman, avec ça, répondit Tamel en lui montrant l’un de ses pouces.

     

    « MirabelleLa paix des braves »

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  • Commentaires

    1
    annaj
    Dimanche 20 Novembre 2011 à 08:11

    à lire le Tamels, la sagesse voudrait donc que je me contente de lire... pourtant je ne peux que m'enfoncer -à la vitesse du voyage- du trop plein vers le simple et unique.  un retour qu'on est amené quand même à faire souvent: de sa dissémination vers son essentiel.

    2
    Aunryz Profil de Aunryz
    Dimanche 20 Novembre 2011 à 19:21

    Ce n'est que la science que déconseille la présentation des éclats de Tamel (et donc des Tamels)
    Mais de quel droit ! J'ai presque du regret.

    3
    annaj
    Dimanche 20 Novembre 2011 à 19:27

    je ne comprends jamais vraiment ce que les autres disent..je suis désolée!

    je fais de l'interprétation , je trempe toujours le texte dans ma propre vie et c'est souvent à côté

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