• Calabria

     


    Tout comme chez lui, ici il y avait des montagnes et elles étaient couvertes de neige comme celles qu’il avait laissées pour le temps du voyage.

    Apparemment, en ces lieux, le fait devait être rare car tous les habitants de la contrée semblaient désorientés, certains même anéantis par la présence de quelques centimètres d’un manteau neigeux dont l’éclat révélait une apparition toute récente.

    -         Chez nous à Accaria, il y en a plus d’un mètre.

    -         La porte de notre maison, tout en haut de Feroleto Antico, est entièrement sous la neige.

    -         On sait que dans ton pays vous n’êtes pas très grand et que vos maisons sont à votre mesure, mais tu ne crois pas que tu en rajoutes un peu de la neige, Optimo !?

    Un concert de rire salua la répartie.

    -         Au moins, toi tu nous auras distrait un moment de cette catastrophe.

    -         Quelle catastrophe ? Ce n’est pas si grave que cela. Quelques jours immobilisés chez nous, que chacun pourra consacrer aux travaux d’hiver négligés par tous du fait du beau temps qui a persisté tout le début de l’hiver.

    -         Les enfants, dont les cris de joie égayent nos villages.

    -         La télévision en panne qui nous redonne pour quelques temps le goût des conversations et des chants au coin du feu.

    -         Et surtout l’effet de tout ce blanc, si lumineux et serein sous le soleil.

    -         Tellement apaisant dans la nuit piquée d’étoiles dont le scintillement est comme l’accompagnement du soliste dans une symphonie.

    -         Sans oublier la transformation de certains d’entre nous en quasi-poètes !

    Nouveau concert de rire.

     

    Beau pays, pensa Tamel qui, d’un bond, se retrouva sur une plage de sable gris. A peine agitée d’une légère houle, la mer y était sombre et le soleil couchant. Des enfants s’amusaient à faire rebondir sur son ventre des galets, mémoire de la mer.

    Il eut le désir de partager le hasard de leur course et se glissa dans l’un d’eux auquel la mer avait donné, au fil d’innombrables étreintes, une forme qui tenait pour une part de la courbure parfaite du disque et pour le reste de la dentelle que produisent le vent et le chêne des garrigues en ses feuilles.

    Le galet fut lancé de la main habile d’une adolescente qui pouvait avoir dix sept ans mais dont le regard au moment du jet semblait habité par l’âme d’une fillette bien plus jeune.

    Il y eut sept rebonds vers le ciel d’horizon, sept caresses de l’eau et une plongée lente et hésitante vers le fond marin où Tamel se retrouva, après quelques secondes lors dès quelles l’obscurité se faisait croissante, entre une boite de conserve à demi-rouillée et le cul d’une bouteille de bière.

    Voilà qui demande encore un peu de réflexion se dit Tamel en s’échappant de la matière minérale pour aller se poser au sommet d’un vieux figuier, à mi-chemin des deux lieux qu’il venait de visiter.

     

     
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