• Migrations

     


    Un village, au milieu d’une rue immobile. Un village de toutes petites maisons serrées les unes contre les autres et à l’intérieur de chacune, le plus souvent une personne, parfois deux, trois, quatre, jusqu’à cinq, chacune assises dans un espace minuscule, les jambes recroquevillées tout près du corps, le regard tendu dans la même direction.

     

    Ce village là aussi, comme celui de Tamel, se déplaçait. Mais il ne semblait pas avoir une idée précise de l’endroit où il allait s’installer et son déplacement avait une lenteur infinie. Parfois même il se trouvait tout aussi immobile que la rue elle-même et sur les visages se percevait alors une tension plus vive.

     

    Tamel regardait, assis sur une pierre, sans qu’aucune pensée ne se forme en lui, les petites demeures brillantes passer devant lui.

     

    Soudain, entre deux maisons dont la distance s’était un peu relâchée, il aperçut, se déplaçant en sens inverse, un autre village tout semblable au premier, composé de ces mêmes minuscules habitations.

     

    Il songea alors avec un peu de tristesse aux instants mornes que devaient vivre les habitants de ces cités, cloîtrés derrières leurs petites fenêtres.

     

    Puis il se ravisa. « De quel droit ?! »

     

    Il se leva, remit son baluchon sur son épaule, traversa un champ, puis s’éloigna dans la direction opposée de la route.

     

     

    Ce n’est que bien plus tard que Tamel se souvint, en même temps qu’il en prit conscience, du bruit étrange et continu, comme celui d’une foule d’enroués en colère.

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