• Rencontre

     

     

    Droit devant, dans la direction prise, il y avait maintenant plusieurs mois, depuis la clairière de l’ehlap, tracer une ligne parallèle à la course du soleil, ne dévier ni au Nord, ni au Sud, et tirer derrière soi le village – l’âme du village, si ce n’est ses pierres et ses rues – du côté où la lumière naît et ce, jusqu’à ce que l’anneau des pas se referme, jusqu’à retrouver ces pierres et ces rues véritables.

    Tout l’esprit de Tamel n’était plus occupé que par cette pensée devenue geste. Ses yeux voyaient encore les paysages traversés, son front avait conscience du vent et de l’averse, son pas des nuances du chemin, mais tout cela n’était que rêve pour l’enfant, crucifié dans sa marche sur l’horizon.

    Il fallut bien qu’il sorte de sa torpeur lorsqu’il heurta une forme qui lui sembla, après quelques instants d’hébétude, être un arbre.

    Pourtant l’enfant savait que dans l’état dans lequel il se trouvait, il aurait du traverser l’être qui lui faisait face de la même manière qu’il avait depuis son départ traversé les autres arbres, les montagnes, la pierre des maisons et même les êtres vivants – la plupart du temps lorsqu’ils étaient endormis.

    Pourquoi ce corps là résistait-il à son passage ?

    Familier ! L’autre lui semblait familier, autant dans les traits que dans l’expression, et cela alors même que son contour semblait hésitant et flou.

    Peu à peu un sentiment gagna le jeune voyageur : Le Mat ! il était devant Le Mat, son frère, sa moitié, celui avec lequel il partageait un même corps.

    A son tour il avait du accepter d’habiter le petit chêne qui avait, durant toutes ces années, été l’hôte du Mat. A son tour il était voué, pour un temps, à l’existence dense, lente et circulaire des Immobiles.

    Son frère lui avait demandé une année et Tamel n’avait pas pu lui refuser. D’ailleurs c’était avec un certain plaisir qu’il faisait ainsi une nouvelle halte. La perspective d’abandonner pour un temps les fenêtres du regard, de l’ouie et de l’odorat pour un logis où tous les sens –  amoindris certes – se mêlaient intimement pour n’en faire plus qu’un lui réjouissait l’âme.

    Tamel savait que là aussi, au cœur de la sève, derrière l’écorce, il y avait beaucoup à apprendre à propos des deux branches du sablier.


     

    « Transparence"Raisonnance" »

    Tags Tags : , , ,
  • Commentaires

    1
    annaj
    Samedi 21 Janvier 2012 à 19:23

    de tout ce qui est vivant, l'arbre est ce qui me fascine le plus et pour une raison que j'ignore ils incarnent à mon coeur et mes yeux la force de célébration de la Vie.. j'aimerais être dans leurs bras et par chance je crois c'est de bois que sont faites nos dernières demeures

    2
    Jeudi 15 Novembre 2012 à 06:18
    Wow, wonderful blog lyouat! How long have you been blogging for? you make blogging look easy. The overall look of your website is wonderful, as well as the content!. Thanks For Your article about A propos | Maitrise-Ressources-Interne .
    3
    Samedi 17 Novembre 2012 à 04:38
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :