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    Tamel, malgré son jeune âge, se rendait bien compte que quelque chose n’allait pas entre lui et les autres Hûles.

    Les enfants aussi bien que les adultes évitaient, autant qu’ils le pouvaient, de croiser ses pas. Lorsqu’on lui adressait la parole, Tamel percevait toujours un peu de crainte dans la voix de son interlocuteur et, rarement celui-ci osait le contredire, biaisant le plus souvent, notamment les plus âgés, pour éviter tout conflit avec lui.

    Par ailleurs, de temps à autres, le jeune garçon avait surpris des conversations dans lesquelles il apparaissait clairement aux yeux des autres comme un être d’exception un peu effrayant, presqu’un monstre. Et Tamel ne voulait pas, à sept ans à peine, être un monstre. Il souhaitait plus que tout cette fragilité qui chez ses camarades du même âge suscitait la douceur et la tendresse de leurs parents ou des autres adultes. Depuis longtemps déjà il avait renoncé à jouer de ces talents, ces capacités particulières qui faisaient de lui un être si différent des autres.

    Un matin, l’enfant au sortir de son lit pénétra dans la chambre de ses parents. Sa mère poussa en le voyant un cri effroyable qui traversa toute la maison et dut s’entendre dans une partie du village.

    « N’aie pas peur maman ! - lui-dit-il - J’ai enlevé dans ma tête tout ce qu’il y avait de trop. Le trou au milieu de mon front ne tardera pas à se refermer. Désormais, grâce à ce petit creux dans ma tête, moi aussi je suis un tout petit enfant. »

     

     

     

     

     


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