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    D’ici quelques secondes, une minute tout au plus, le soleil se lèverait et tous, animaux, végétaux ainsi que ces être si lents qu’ils sont souvent, à tort, exclus du nombre des vivants, et jusqu’à l’ensemble flou, désordonné et pourtant absolument harmonieux qu’ils formaient ensemble et que l’œil plat nomme parfois "paysage", tous retenaient une petite partie de leur souffle, de leur regard, de leur vie, aux portes de l’instant.

    Pas un cri d’oiseau, ni le moindre mouvement perceptible dans les feuillages.
    Quant aux pierres, plus que jamais leur course s’était figée au creux de l’instant.

    Le premier rayon de lumière tardait à venir.

    Même le coq qui, comme toujours, avait anticipé du jour nouveau à plusieurs reprises, s’était tu.

    La tentation était forte de demeurer confortablement lové dans cette goutte d’éternité, cette plénitude tissée d’aventures derrière soi et devant, à quelques lieues à peine, la chaude présence d’êtres aimés, dont plusieurs rayonnaient si fort l’attente sereine qu’ ici même, elle était déjà perceptible.

    Oui, la tentation était forte pour Tamel de terminer là son chemin, conservant la forme d’un rocher, d’un demi-dieu, au lieu de retourner prendre sa place dans le village des Hules.

     

    Silence de mots, de gestes, de pensées
    lorsque la goutte d'eau s'arrête de tomber
    et qu'oubliant l'instant où l'a conduit son pas
    le dieu se réfugie en l'éternel trépas.

     


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