• Aube


     

    Ils s’étaient mis en marche bien avant le lever du soleil. Et pour cause, c’est précisément ce lever royal auquel ils souhaitaient tous deux assister.

    L’envie était venue à Tamel dès l’arrivée du village dans la crique des montagnes et fut avivée par la première promenade faite avec Anselme, jusqu’au col, cinq cents mètres au-dessus du village.

    La vue qu’il avait eu, parvenu à ce lieu où la pente hésite puis bascule, cette profusion de vallées s’étendant de l’autre côté, et les multiples chaînes de montagnes dont plusieurs étaient, à la fin de l’été, déjà recouvertes de neige en leurs sommets, cette vue l’avait ébloui autant qu’un bouquet de sourires d’enfants.

    Il s’était alors promis, puisque ce pays là se trouvait exactement à l’Est, de venir, au petit matin, contempler l’incendie des terres au point du jour.

    Quant à Damouce, Tamel ne sut jamais vraiment comment elle devina son projet. Un jour, au milieu d’une promenade, après un long moment de marche silencieuse – ce qui était extrêmement rare en la compagnie de la gamine – elle lui demanda tout à trac quelle date il avait prévu pour cette escapade. La question de savoir si elle serait ou non de la partie semblant alors déjà réglée.


    Deux heures de marche. Damouce ne semblait pas fatiguée. Depuis que l’aube avait commencé à faire reculer la nuit, leur permettant de mieux voir leur but qui se dessinait de plus en plus nettement du côté des crêtes entourant le col, elle gazouillait sans cesse, interrogeant Tamel sur ce qu’ils allaient voir : les couleurs, les odeurs, les essences d’arbre ainsi que sur une foule de détails concernant cet autre pays dont Tamel ne connaissait que l’apparence lointaine. Et cela, sans jamais attendre de réponse de la part de son guide, puisqu’elle enchaînait les interrogations les unes aux autres sans interruption.

    Ils n’étaient plus qu’à quelques centaines de mètres du col lorsqu’une ombre se détacha du bord du chemin pour venir à leur rencontre.

    C’était Anselme. Malgré le contre jour, ils virent qu’il leur souriait. Sans rien dire, il leur fit signe de poursuivre leur route avec lui.

    Tamel était soulagé par la présence de l’ancien, non seulement parce qu’il semblait avoir accepté l’escapade des deux enfants et ne lui avait fait aucun reproche, à lui qui rendait 4 ans à une gamine qui en avait à peine cinq, mais surtout parce qu’Anselme était à présent responsable de Damouce.

    -         Allez-y tous les deux, je vous attends ici, sur cette pierre.

    -         Damouce voulut protester mais l’ancien lui tira doucement la main et l’emmena dans la direction où le soleil allait bientôt apparaître.

    Lors de la descente, personne n’évoqua la volte face de Tamel. Tous trois devisèrent des montagnes. Celles de la crique où se reposait le village, celle du pays au-delà du col, ainsi que toutes celles qu’ils avaient rencontrées lors d’autres escales de leur village.

     

     

     

    Le renoncement est un acte

    poétique par essence

    qui crée mille chemins

    en n’en frayant aucun.

     

     

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