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Eclairage
L’enfant avait été surpris par la tombée de la nuit.
Non que l’obscurité lui causa une quelconque crainte. Tamel s’en allait souvent la nuit par les sentiers qui courent sur la montagne et s’enfonçait même parfois alors dans des forêts où plus rien ne le guidait que le contact du chemin sous son pied.
L’enfant avait été surpris par la tombée de la nuit, lorsque simultanément sur tous les trottoirs de la ville, ou accolés aux murs des maisons, des lampes, réverbères ou appliques de toutes sortes se mirent à déverser des torrents de lumière.
Un instant aveuglé, cerné, poussé de toutes parts, Tamel se réfugia dans une cabine téléphonique dont l’éclairage vandalisé pendait à côté du combiné.
La tête recouverte par la capuche de son manteau, c’est là qu’il dormit, dans l’attente de la clémence de l’aube, pour reprendre la route du village des Hûles.
Ces lumières qui menacent de vomir sur le monde
pour peu qu’un passant exige qu’aucune ombre n’effleure son pas
ces lumières renverront
à l’instant même de leur surgissement
toutes ces presque couleurs
ces hésitations des contours
ces frôlements ces nuances fragiles
elles renverront tous les murmures du vivant
au néant.
Tags : tamel, éclairage
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