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Passage
La bête était allongée sur le flanc droit.
Lorsqu’il l’aperçut, Tamel crut tout d’abord quelle était morte.
La gueule à demi-ouverte, immergée dans une petite flaque de sang, le ventre largement ouvert d’où sortait une partie des entrailles.
Pourtant l’animal respirait bien que faiblement. Son poitrail se soulevait lentement puis se vidait sans bruit encore plus lentement du peu d’air dont il s’était empli.
L’enfant s’approcha. Il vit que l’agonisant avait planté son regard dans le sien.
Tamel reçut alors un déluge d’images qui se précipitèrent au fond de sa tête puis s’y déroulèrent comme les restes d’un rêve :
Les petits, joyeux, exubérant, qui se chamaillent au milieu des champs de maïs.
L’un d’eux qui fait mine de se sauver et se met à courir dans la direction de la route.
Les autres qui le suivent.
Et la mère qui pressent le danger et se lance à leur poursuite.
Le bruit – cailloux, bois sec, galop d’au moins six chevaux – puis l’énorme roue du chariot.
Les petits qui s’enfuient au-delà du fossé, terrorisés par le vacarme, sans avoir vu le choc funeste.
Elle va mourir.
Soudain, Tamel sent comme un rayon de lumière se glisser dans sa poitrine.
La fourrure soyeuse ne bouge plus.
…
Cette voix est plus discrète que toutes les autres, plus tendre et plus sauvage aussi, se disait Tamel.
C’était la première fois qu’il recueillait l’âme d’un sanglier.
Tags : âme, tamel, passage, mère
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Commentaires
Sur une autre branche de l'arbre des Tamels, un autre de ses "éclats" a passé son chemin
mais je crois qu'il était moins dense et moins lumineux.
(merci du retour)3brigitte CelerierSamedi 3 Décembre 2011 à 13:005annajSamedi 3 Décembre 2011 à 20:15
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J'aime ce cueilleur d'âmes... De plus en plus attachée à votre personnage...