• Sacré ... profane

     

     



    Une musique, quelque chose qui ressemblait à une musique, s’élevait du buisson. Parfois on pouvait croire à une flûte, puis le son glissait du vent vers le choc et se mettait à ressembler à la plainte d’un tambour pour finir en déchirure de l’étoffe légère ou rugueuse, de l’os sous une lame ébréchée, de l’arbre sous l’éclair d’un orage estival.

    Tamel savait que s’il tentait de voir le musicien, pour savoir, il ne pourrait jamais connaître. S’il posait ses yeux sur l’instrument, son regard en altérerait le pouvoir.

    Ce qu’il voulait c’était entrer dans ce fleuve sonore, s’y baigner, y goûter les souvenirs du flux,  les actes passés du cœur, des doigts, de l’âme du musicien.

    Tamel avait une fois de plus quitté son corps, mais cette fois ci ce n’était pas pour le laisser à son frère, mais pour y libérer l’espace lui permettant à son tour de devenir instrument, de se rendre disponible pour cette vibration en provenance du buisson. Aussi, loin d’être condensé en un lieu minuscule semblable à un grain de sable, comme à chacune de ses échappées, l’esprit de Tamel s’était répandu dans tout l’espace que traversait la musique.

    A présent, il lisait la mélodie, il comprenait cette mélodie, il était cette mélodie.

    En redescendant de Chamouse, Tamel croisa à plusieurs reprises d’immenses troupeaux de moutons. Passer au milieu des bêtes lui procurait un réel plaisir au point qu’à chaque fois il ralentissait le plus possible son pas.

    Ce n’est qu’au troisième troupeau qu’il fut traversé par une sorte d’illumination.

    Cette plénitude, au milieu des moutons, était en tous points semblable à celle que lui avait procurée la musique, près du buisson.

     

     

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