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    Il y eut tout d'abord Sotj, avant même la première heure de la journée.

    Quelques lueurs en même temps que l'impatience de deux ou trois coqs et l'inquiétude de chiens se répondant de maison en maison, annonçaient une aube qui serait dans un premier temps, capturée par les nuages serrés les uns contre les autres, en un ciel qui n'avait guère vu d'étoiles durant la nuit


    Ainsi Sotj sortit du village le premier, du pas tranquille de celui qui se sait seul, à une heure où hommes femmes et enfants sont encore chair et conscience mêlée au point de ne plus distinguer le dedans du dehors.


    Plus d'une heure après lui, en provenance de la campagne voisine, Tregann le conducteur de bœufs menant son attelage jusqu'à l'échoppe du menuisier, emprunta la même voie en sens inverse.


    Par la suite, durant toute la journée, défilèrent sur les deux cotés de la route, une foule de personnes plus ou moins préoccupées par leurs actions à venir.

    La nuit allait tomber

    La partie était presque gagnée

    C'est alors que passa, entre son père, les yeux fixés sur un point lointain de l'horizon, et sa mère, le regard perdu dans les étoiles naissantes, c'est alors que passa Damouce, le sourire aussi clair que le bond du renard au dessus du chemin.

    "Perdu Tamel!" Jeta joyeusement la petite fille. "Tu es la troisième branche de cet aulne. Elle porte une corneille rousse dont la sérénité m'a paru étonnante.

    C'est elle qui t'a trahi !"


    Sautant de l'arbre, Tamel pris l'enfant dans ses bras et la fit tourner plusieurs fois dans l'air autour de lui.

    "Tu as gagné, Damouce. Tout ce que j'ai vu aujourd'hui, dans l'immobilité du grand aulne, est à toi"


    Bien sur, de tout cela, ni le père, ni la mère de la fillette n’en virent rien, ce jour là.

     

     


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